L'Appel du Comité Invisible (Essai, 2004)

Propaganda - La fabrique du consentement

L'appel est un ouvrage collectif rédigé en 2003. Il a faire parler de lui au moment de la dite "affaire Tarnac" avec sa suite l’insurrection qui vient. Les auteurs ne sont pas officiellement connus. Mathieu Burnel, uns des inculpés de l’affaire avoue être une des plumes du comité invisible qui signe ces ouvrages.

À sa sortir il a été distribué de la main à la main. Aujourd’hui, il est encore trouvable sur le Web. Ce texte est l’ébauche de L’insurection qui vient, devenu un succès de librairie grâce à l’affaire Tarnac. Il contient sept propositions dont voici les différentes introductions :

Proposition I

Rien ne manque au triomphe de la civilisation. Ni la terreur politique ni la misère affective. Ni la stérilité universelle. Le désert ne peut plus croître : il est partout. Mais il peut encore s'approfondir. Devant l'évidence de la catastrophe, il y a ceux qui s'indignent et ceux qui prennent acte, ceux qui dénoncent et ceux qui s'organisent. Nous sommes du côté de ceux qui s'organisent.

Proposition II

L'inflation illimitée du contrôle répond sans espoir aux prévisibles effondrements du système. Rien de ce qui s'exprime dans la distribution connue des identités politiques n'est à même de mener audelà du désastre. Aussi bien, nous commençons par nous en dégager. Nous ne contestons rien, nous ne revendiquons rien. Nous nous constituons en force, en force matérielle, en force matérielle autonome au sein de la guerre civile mondiale. Cet appel énonce sur quelles bases.

Proposition III

Ceux qui voudraient répondre à l'urgence de la situation par l'urgence de leur réaction ne font qu'ajouter à l'étouffement. Leur façon d'intervenir implique le reste de leur politique, de leur agitation.

Quant à nous, l'urgence de la situation nous libère juste de toute considération de légalité ou de légitimité, devenues de toute façon inhabitables. Qu'il nous faille une génération pour construire dans toute son épaisseur un mouvement révolutionnaire victorieux ne nous fait pas reculer. Nous l'envisageons avec sérénité. Comme nous envisageons sereinement le caractère criminel de notre existence, et de nos gestes.

Proposition IV

Nous situons le Point de renversement, la sortie du désert, la fin du Capital dans l'intensité du lien que chacun parvient à établir entre ce qu'il vit et ce qu'il pense. Contre les tenants du libéralisme existentiel, nous refusons de voir là une affaire privée, un problème individuel, une question de caractère. Au contraire, nous partons de la certitude que ce lien dépend de la construction de mondes partagés, de la mise en commun de moyens effectifs.

Proposition V

À toute préoccupation morale, à tout souci de pureté, nous substituons l'élaboration collective d'une stratégie. N'est mauvais que ce qui nuit à l'accroissement de notre puissance. Il appartient à cette résolution de ne plus distinguer entre économie et politique. La perspective de former des gangs n'est pas pour nous effrayer; celle de passer pour une mafia nous amuse plutôt.

Proposition VI

D'un côté, nous voulons vivre le communisme; de l'autre, nous voulons répandre l'anarchie.

Proposition VII

Le communisme est à tout moment possible. Ce que nous appelons « Histoire » n'est à ce jour que l'ensemble des détours inventés par les humains pour le conjurer. Que cette «Histoire» se ramène depuis un bon siècle à une accumulation variée de désastres, et seulement à cela, dit bien que la question communiste ne peut plus être suspendue. C'est cette suspension qu'il nous faut, à son tour, suspendre.

Dans ce contexte, nous sommes ceux, tous ceux qui éprouvent la nécessité tactique de ces trois opérations:

  1. Empêcher par tous les moyens la recomposition de la gauche.

  2. Faire progresser, de «catastrophe naturelle» en «mouvement social», le processus de communisation, la construction du Parti.

  3. Porter la sécession jusque dans les secteurs vitaux de la machine impériale.

 

Cet essai est un appel à l’auto-organisation en dehors des partis, à quitter les bases du militantisme classique pour entrer dans l’illégalisme. Il fait une critique de nos modes de vie libérale : « il prévoit même les remèdes aux malaises qu'il génère. Le chèque à Amnesty, le paquet de café équitable, la manif contre la dernière guerre, boire Daniel Mermet sont autant de nonactes déguisés en gestes qui sauvent. » et veut réhabiliter le communisme initial : « En cela, le communisme dont nous parlons s'oppose terme à terme à ce que l'ON a appelé « communisme », et qui ne fut le plus souvent que socialisme, capitalisme monopoliste d’État. »

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