Flic ou caillera de Rachid Santaki (Roman de cité, 2013)

Flic ou caillera de Rachid Santaki (Roman de cité, 2013)
Un nouveau polar de Santaki avec comme cadre Saint-denis.

Comme dans les précédents romans de Santaki la trame de l'histoire se déroule dans la ville de Saint-Denis. Mehdi, notre héros, vit dans une cité. Son père est mort il y a quelques années par un chauffard. Depuis sa famille s'est effritée. Son frère ainé a coupé tout contact et est parti faire l'acteur à Paris. Le cadet est en prison pour trafic de stup. Mehdi a choisi la voix de la légalité avec un boulot mal payé pour aider sa mère.

Il ne veut pas rentrer dans le cercle vicieux du business de la drogue ou des larcins. Il sait ce qu'il en a couté à certains de ses amis. Mais fatalement il y est confronté quotidiennement avec les guetteurs et dealeurs à pied d'oeuvre en bas de sa tour.

Santaki connait bien Saint-Denis. Il dépeint certaines cités comme des zones de non-droits, mais précise qu'il s'agit d'une minorité de types, la plupart en décrochage scolaire, qui tombe dans ce genre de trafic chapeauté par des "caïds" qui ramassent presque la totalité des recettes sans prendre de risque. Ces derniers sont incarnés par les frères Bensama (déjà présents dans le précédent opus) qui sèment la terreur pour dissuader quiconque de parler.

En face, il y a la police et sa BAC qui interviennent généralement de façon musclée. Certains font leur travail pour faire régner l'idéal républicain comme Najet, fille d'une toxico et d'un policier qui a combattu la corruption dans son unité jusqu'à sa mort. Mais celle-ci lui perdurera. Le sale boulot à mener pour un salaire de misère va pousser certains cow-boys à monter leur propre business de deal voir à devenir les indics des caïds. Une ambiance digne d'un film d'Olivier Marshal plane tout au long des chapitres.

Le récit est ancré dans une certaine réalité bien que les personnages soient fictifs (cependant, il ne serait pas étonnant que l'écrivain se soit inspiré de personne réelle pour les décrire). Santaki situe l'histoire au moment des émeutes de 2005. Il fait également référence au scandale du médiator, décrit Saint-Denis avec précisions ou s'attarde sur la bande-son, détails qui accentuent le côté réaliste.

Ça se lit bien et on est tout de suite plongé dans l'histoire de Mehdi qui par fatalité va mettre le doigt dans le mauvais engrenage.

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