Défier le récit des puissants de Ken Loach (Regard d'un cinéaste engagé, 2014)

Défier le récit des puissants de Ken Loach (Regard d'un cinéaste engagé, 2014)
Ken loach sur la photo de couverture du livre prise sur le tournage du film Le vent se lève.
Cet essai de Ken Loach a été publié par les éditions indigènes qui éditent des mini-livres qui abordent des sujets de sociétés souvent avec des positions engagées (à gauche). Le livre le plus connu de cette collection est le best-seller de Stéphane Hessel "Indignez-vous" vendu à 4 millions d'exemplaires dans le monde, titre devenu le cri de ralliement des Indignados d'Espagne. Ken Loach est un réalisateur anglais qui s'intéresse aux classes populaires.

Dans Défier le récit des puissants, Ken Loach évoque son métier de réalisateur. Il oppose son travail artisanal, qui se veut coller le plus à la réalité à celui des grosses productions. Il explique quelques règles simples pour rendre des scènes réalistes : ni de grand angle, ni de gros zoom. Pour impliquer les acteurs, il ne fait pas répéter les scènes avant le tournage et les tournent dans l'ordre. Ken Loach laisse aussi une part d'imprévu en laissant les acteurs se questionner sur leur rôle, acteurs choisis par rapport au milieu social de leur personnage.

Ken Loach nous dit que le travail des cinéastes a évolué depuis les années 60 quand le réalisateur avait à peu près les mains libres. Aujourd'hui pour avoir des financements, les gros producteurs (des chaînes de TV par exemple) veulent avoir un droit de regard sur les choix du cinéaste (acteurs, scénario, etc.)

Après nous avoir expliqué sa vision du cinéma et sa façon de travailler, le réalisateur revient aux années 80 et la période de Thatcher. Ses films engagés socialement, donc critique envers le néolibéralisme thatchérien, avaient leur autorisation d'exploitation retardée systématiquement et quand ils pouvaient enfin sortir leur impact était moins important puisque la situation du moment avait évolué comme ce fut le cas pour un documentaire sur la grève des mineurs qui ne verra finalement pas le jour. Cette forme de censure est couplée au refus des chaînes de télévision souvent de mèche avec l'État pour produire un film. Dans ces conditions, Ken Loach a dû faire des documentaires qui nécessitaient moins d'argent pour être financés.

Durant les années 80, certains de ses films ont donc été soumis à la censure. Il cite d'abord le cas de Sweet Sixteen dans lequel il filmait des adolescents d'une petite ville d'Ecosse avec leur langage de rue, indignant la petite-bourgeoisie puritaine anglaise qui l'a fait interdire au moins de 18 ans. L’autre cas est celui de Secret Defence sur le conflit entre républicain irlandais et loyalistes britanniques. Dans ce long-métrage Ken Loach évoquait le principe d'"un tire pour tuer" en vigueur dans le camp anglais. Une vague d'indignation encore une fois de la part du gouvernement et même de médias comme le Times qui a comparé le réalisateur à Hitler...

Après ces terribles années 80 Ken Loach est plus optimiste sur l'état du monde avec des mouvements comme les indignés ou des réalisations comme 5 Caméras Brisées dont les diffusions étaient accompagné de tracts de soutiens à la Palestine contre l'Etat d'Israël soutenu par les Européens et les États-Unis malgré les crimes contre l'humanité perpétré régulièrement.

Cependant, il sait que la route est longue et des combats importants reste à mener, évoquant le traité de libre echange États-Unis-Europe ACTA qui a finalement été rejeté par le Parlement européen le 4 juillet 2014.

Quelques films de Ken Loach :
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