Route Irish de Ken Loach (Privatisation de la guerre d'Irak, 2011)

route_irish.jpg« Nous avons amené la torture, les bombes à fragmentation, l’uranium appauvri, d’innombrables assassinats commis au hasard, la misère, la dégradation et la mort au peuple irakien... » - Harold Pinter (Prix Nobel de littérature)

La route Irish est le chemin qui relie l'aéroport à la zone verte — ou zone internationale — hautement sécurisée de Bagdad. C'est à cet endroit qu'est tué en septembre 2004 Frankie. Il y travaillait comme agent de sécurité avec à la fin du moins une coquette somme de 12 000 livres non imposable. De quoi laisser sa femme à Liverpool et abandonner les petits boulots mal payés. Avant de mourir, Frankie a fait parvenir un téléphone portable à Fergusson son ami d'enfance. Son contenu va le lancer dans une contre-enquête, la thèse officielle de la mort de Frankie ne tenant plus debout.

Paul Laverty, scénariste pour Ken Loach dans plusieurs films, s'est inspiré d'une histoire vraie : la mort dans une embuscade d'un agent privé dont le corps a été ramené à Glasgow sans les tambours ni les trompettes que reçoivent les soldats morts de l'armée régulière. Cette guerre d'Irak a pris une tournure inédite, puisqu'il n'y a jamais eu, dans d'autres conflits, autant de "contrators", des mercenaires à la solde de sociétés privées. Leurs activités principales étaient à l'origine l'escorte et la sécurisation de zones, mais certaines unités ont aussi participé aux combats aux côtés des forces régulières étatsuniennes. La guerre n'a jamais autant été privatisée et les sociétés de protections privées ont été excédentaires, brassant plusieurs centaines de millions de dollars.

Bonne pour les affaires, cette privatisation de la guerre à ses revers comme les décrets donnant l'immunité aux mercenaires, leur permettant de ne pas être inquiétés en cas de bavure, malgré la loi irakienne, ou encore la corruption, cette fois avec la participation des autorités irakiennes.

Les objectifs officiels de la guerre d'Irak était de renverser Sadam Hussein et d'établir une démocratie. Le premier a réussi, le second a lamentablement échoué aggravant davantage la situation du pays. La morale de l'occident est heureusement sauve : les multinationales peuvent dorénavant investir massivement en Irak, même si le pays est dans le chaos.

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