Un homme est mort de Kris, Étienne Davodeau (Bande dessinée sur un documentaire militant, 2006)

un_homme_est_mort_etienne_davodeau.jpgQuelques années après la Seconde Guerre mondiale, ce fut la chasse aux communistes au sein du gouvernement français. La république bourgeoise d'avant-guerre devait être rétablie. Quand les ouvriers se sont mis en grèves durant ces mêmes années, le gouvernement a voulu tuer la contestation dans l'oeuf. Pour cela, il a fait arrêter des élus communistes qui participaient aux mouvements contestataires et surtout n'a pas hésité à utiliser la force et à tirer sur la foule.

Un homme est mort revient sur les contestations à Brest entre mars et avril 1950. Une ville ravagée par les bombardements alliés durant la Seconde Guerre mondiale qu'il fallait reconstruire. La CGT, branche syndicale du PCF, a lancé le mouvement pour la paix en Indochine et revendiquait des meilleures conditions de travail pour la classe ouvrière. Une des manifestations dégénèrera avec des tirs sur la foule par la gendarmerie. Édouard Mazé est tué d'une balle dans la tête.

Cette BD s'attache spécialement au documentaire éponyme réalisé par René Vautier, cinéaste et militant communiste. Juste avant ces contestations brestoises, il venait de réaliser Afrique 50, un documentaire sur la colonisation qui n'a pas plu aux autorités françaises qui condamneront Vautier en 1952 à de la prison. Vautier revient donc en France en 1950 à la demande de la CGT afin de réaliser un documentaire sur le mouvement social à Brest, juste après la mort de Mazé. Il va filmer les différents piquets de grève et n'ayant pu capter de son, il accompagne les images d'un poème de Paul Eluard écrit durant la Seconde Guerre mondiale : Au rendez-vous allemand. Il va ensuite le diffuser avec un cinéma mobile de fortune un peu partout dans la ville.

Le film n'existe plus, détruit durant sa 150e projection, mais cette BD permet de le ramener dans la mémoire collective.

Au rendez-vous allemand

Un homme est mort qui n'avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n'avait d'autre route
Que celle où l'on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l'oublie

Car tout ce qu'il coulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd'hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre

Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.

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