La Mauvaise Herbe (Fanzine anarchiste)

Je me suis procuré quatre numéros de ce fanzine au Salon du livre anarchiste de Montréal. Il s'agit d'un fanzine à tendance éco-anarchiste ou anarcho-primitif (je ne fais pas encore trop la différence).

Automne 2005

Ca commence avec un essai sur le nihilisme libertaire. Cette mouvance rejoint les deux précédentes : opposé au concept d'État (c'est la base de l’anarchisme), mais aussi anti-civilisationnel. C'est ce que j'aurais appelé anarchisme individualiste, mais j'avoue que dans ces différentes ramifications je suis un peu perdu. Heureusement, ça ne parle pas que de ça sinon ça deviendrait vite indigeste tant l'anarchie est un concept bien plus complexe que l'image d'Épinal qui lui est généralement accordée.

Il y a donc un récit d'un voyage à Atacama, un village Chilien, dans lequel l'auteur nous faire par de ses impressions et des interactions qu'il a eues avec les villageois.

Un texte sur le transport et la civilisation pétrolière qui conclu que "ceux qui décrocheront le plus tôt de se système instable [le capitalisme] et destructeur et qui créeront des communautés les plus possibles autos suffisantes, modestes et enracinées dans l'écologie locale, auront déjà une avance en connaissances et pratiques pour traverser ce déclin qui s'annonce". En gros ce que veulent ces "anarchistes vert" c'est de revenir à l'état animal, où alors ils ne s'expriment pas de façon très claire. Il m'est difficile d'imaginer que nous puissions supprimer toute trace de civilisation. Évidemment, le système capitaliste est à proscrire, mais de là à retourner à la préhistoire, il y a une marge, et c'est dans cette marge que je me suis en désaccord avec leur idéologie.

Enfin, le dernier texte est un recensement de squats en Belgique et Suisse.

Automne 2008

Pour commencer un petit texte historique sur les milieux libres, petites communautés anarchistes. Les premières apparaissent à la fin du 19e et sont des lieux "laboratoires" où diverses expériences y sont menées autour des concepts anarchistes.

Le texte suivant m'a bien plus : Cassandre contre la civilisation. Dans la mythologie grecque, Cassandre a le don de prévoir l'avenir, mais un sort lui a été jeté pour que personne ne la croie. Elle va prévoir la perte de Troie, mais ses prévisions n'auront aucun écho. L'auteur de ce texte associe les anarchistes à Cassandre. Tout le monde se moque d'eux, mais personne ne veut les écouter. J'ai trouvé cette métaphore avec Cassandre très bonne.

Ce numéro se conclut par un texte sur l'éloge de la randonnée pédestre et un résumé du livre arbres et arbustes thérapeutiques qui explique que certains abatages d'arbre sont mauvais, car ils rendent les forêts plus vulnérables.

Printemps 2009

D'abord un récit critiquant l'utilisation à des fins promotionnelles de la nature parfaite. Lui succède un texte sur les logiciels libres et un texte sur les accouchements technocratiques. L'auteur de ce dernier texte critique, à raison, tout le processus de mise au monde d'un enfant dans un hôpital. Comme il le dit, on a l'impression que c'est exceptionnel qu'un enfant naisse et qu'il faut à tout prix tout un dispositif technique sans lequel il ne viendrait pas.

Le dernier essai est sur les "applications et qualités curatives de certains arbres et arbustes d'ici".

Printemps 2010

Ce numéro démarre avec un texte sur l'utilisation des réseaux sociaux. L'essayiste s'interroge à la fois sur l'utilité réelle et sur la légitimité de ce système surabondant d'informations (aussi bien utiles qu'inutiles) reproduisant le productivisme capitaliste. Je trouve que l'outil permet de relier les gens rapidement et facilement (et ici dans le cadre du militantisme c'est intéressant). En revanche, l'utilisation de facebook pour jouer à des jeux stupides est un des nombreux produits inutiles du capitalisme. Ensuite, pour les anarchistes l'éthique et leurs convictions sont difficilement compatibles avec des sites tels facebook ou pire myspace qui brassent des millions et sont des entreprises "énemies" des anarchistes. D'ailleurs pour MySpace, une brochure a été créée il y a quelque temps expliquant pourquoi ne pas utiliser Myspace. Mais à ce jeu on peut aller loin : Apple, Hewlett Parcard ou d'autres fabricants d'ordinateurs ne sont pas mieux que les sociétés des sites précédemment évoqués. Il faudrait donc ne plus utiliser d'ordinateur. Dans cette "affaire" il est difficile de placer le curseur quelque part.

Le texte suivant traite de l'"expropriation" des Indiens. Déclarés parc naturel, certains endroits sauvages deviennent interdits d'accès à tous, même aux indigènes qui avaient l'habitude de cueillir et de chasser à ces endroits. C'est une situation à laquelle est confronté la tribu Nuu chah nulth, près de Vancouver.
Suivent un texte sur un village mexicain envahi par les touristes et les constructions hôtelières, et un autre sur les croisières en bateau et les pollutions quelles causent.

Le dernier essai du fanzine est une synthèse sur ce qu'est l'anarchisme et ce que n'est pas l'anarchisme. Sur ce dernier point, l'auteur compare l'anarchie avec les différents modèles de sociétés qui ont déjà été au pouvoir : libéralisme, social-démocratie et léninisme. En limitant sont énumération aux seuls systèmes qui ont déjà été utilisés, l'auteur omet de parler du communisme par exemple qui est différent de ce qu'avait mis en place Lenine en URSS. C'est dommage, car j'aurais bien voulu avoir son point de vu là-dessus qui aurait été certainement moins tranché que ceux qu'ils citent...

Dans ce numéro, pas mal de brèves, notamment sur le sommet du G20 qui allait se dérouler à Totonto.

Ce fanzine est une lecture dont je ne partage pas toujours les points de vu, mais qui est cependant instructive.

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Commentaires
1. ,

Bonjour, la mauvaise herbe ne se trouve plus chez libere-terre (n'existe plus) mais là
nhttp://anarchieverte.ch40s.net/part...

nnn

Salutations

2. ,

Bien d'accord avec l'idée que l'anarchie est très large. En revanche le projet de destruction de l'Etat n'est sans doute pas le meilleur moyen de cerner le problème puisqu'elle est présente pratiquement partout : dans le communisme (Lénine), le marxisme, le christianisme, le néo-paganisme, le libéralisme : bien souvent les libéraux, bien que Marx a démonté le mécanisme de cette ruse, font croire que leurs principes s'opposent à la centralisation toujours plus grande de l'Etat. Me paraît plus juste de discriminer les différents courants anarchistes sur le critère de leur "anti-socialisme".

3. ,

Le prochain rassemblement contre LOPPSI à Paris aura lieu : le mercredi 5 janvier 2011 de 17H à 23H au CIP (collectif intermittents et précaires) 14 quai de Charente 75019 PARIS - Métro Corentin Cariou (ligne 7)

Pour que ce rassemblement ne soit pas vain, il peut être intéressant d’avoir lu ce texte auparavant.

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« Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi. » — A. Artaud.

Là ne s’agit pas de s’en contenter.

Les lois LOPSSIs sont des lois scélérates, certes, mais elles s’attaquent à quelque chose de plus profond : la mémoire historique.

Un arrière-goût de tout ce que les régimes autoritaires ont concocté de meilleur.

Mais nous ne nous arrêterons pas là, ce n’est pas au nom de quelque idéal de liberté républicain ou démocrate que nous désirons nous lever.

Au nom de rien d’ailleurs.

La haine totale de ce monde totalitaire suffit à nous accrocher à la moindre intensité de résistance pouvant naître.

Mais nous ne nous arrêterons pas là non plus.

Nous combattons sans défendre mais combattons avec certains horizons en tête : celui de voir un jour sans Travail, sans Propriété, sans Misère, bref tout ce qui a dicté les grandes insurrections ouvrières du siècle dernier…

Nous sommes une histoire perdue cherchant à se retrouver en ces temps effacés :

Mieux que partout, la France a réussi à ménager l’oubli chez ses sujets, non seulement l’oubli de ce pourquoi elle règne encore, cette France, mais l’oubli qu’il existe des ailleurs, d’autres notes, d’autres couleurs que le gris bétonné et le noir fumeux.

« C’est une époque bien carabinée » disait un camarade et c’est véritablement vrai. Tout a faillit ici, pourtant tout semble encore fonctionner. Là, se dévisage le capitalisme : il n’a besoin que de notre consentement soumis pour exister. Il ne lui faut même plus inventer quelques bonheurs qui tiennent, des merveilles qui font espérer. Il ne lui faut, désormais, plus que perfectionner ses outils policiers.

Lui-même se l’avoue lorsqu’il met en scène sa critique : « Le monde est pourri, vous avec, restez sage » relaye le Spectacle.

Puisque le monde dérive, pourquoi ne pas dériver lentement avec lui. C’est ce qu’ON voulait nous faire croire.

Hélas, le meilleur des mondes n’a pas encore triomphé !

« C’est un beau moment, que celui où se met en mouvement un assaut contre l’ordre du monde Voilà donc une civilisation qui brûle, chavire et s’enfonce tout entière. Ah ! Le beau torpillage. »

Il nous faut retrouver la mémoire, une mémoire tactile, celle des armes, de l’émeute, de la résistance matérielle. Il nous faut des réflexes, il nous faut se mettre d’accord une bonne fois pour toute : « faire apparaître dans la pratique une ligne de partage entre ceux qui veulent encore de ce qui existe, et ceux qui n’en voudront plus ».

En temps de guerre, ceux qui prétendent échapper à cela sont ceux qui ont déjà choisi un camp : celui de l’engagement le plus total dans le désengagement. Celui de rejouer les mêmes échecs en se disant que cela fonctionnera un jour.

Ce sont eux, les véritables amnésiques. L’amnésie est une position bien confortable en ce monde, elle permet de s’ancrer léthargiquement dans un espoir messianique. Un espoir qui n’a pas fini de faire vivre et de laisser mourir…

« Diverses époques ont eu ainsi leur grand conflit, qu’elles n’ont pas choisi mais où il faut choisir son camps. C’est l’entreprise d’une génération, par laquelle se balaient les empires et leurs cultures. Il s’agit de prendre Troie ; ou bien de la défendre. Ils se ressemblent par quelque côté, ces instants où vient se séparer ceux qui combattront dans les camps ennemis, et ne se reverront plus. » — Guy Debord.

Dimanche 26 décembre 2010.