2007 - Donal McIntyre
Le cinéaste a suivi durant trois ans Dominic Noonan, un des parrains de la pègre de Manchester et son clan. Noonan avait trente-sept ans lors du tournage et a déjà fait vingt-deux ans de prison. Ses faits d'armes : braquages, courses-poursuite, mutinerie et évasion d'une prison. Une de ses phrases résume la dangereusité du personnage : « Je reste dangereux. Tout le monde est dangereux. Mais certains plus que d'autres. »
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Il contrôle tout un quartier de Manchester, un quartier constitué de familles très modestes. Dans la première partie du film, le réalisateur montre le rôle "social" de l'organisation. Il est le médiateur entre les habitants. C'est à Noonan au lieu de la police que les habitants font appel pour régler les litiges de voisinages comme le bruit. Il a aussi créé un club de boxe pour les habitants et surtout pour les jeunes du quartier, lui-même étant un ancien boxeur. Il veut mettre en place une société de sécurité, mais les autorités essaient de l'en empêcher.
Voilà pour les actions "positives", le reste du reportage nous montre le véritable visage de son clan. Pour ces services, il se rémunère en rackettant les habitants qui doivent payer pour ne pas subir de représailles. Le trafic de drogue est aussi un moteur de revenu pour son clan. Il n'hésite pas à demander à ses hommes de main de tuer si un engagement n'est pas respecté. Noonan est en permanence la cible de procès, mais par des versements de pot-de-vin il s'en sort la plupart du temps.
Les hommes de main de ce parrain sont de jeunes adultes qui ont à peine vingt ans et ont déjà eu à faire avec la police. Noonan explique qu'il les a pris parce que les jeunes sont obéissants.
On a l'habitude de voir des films sur les clans russes, italiens ou japonais dans les films. Ici, ça se déroule en Angleterre et ce sont les véritables personnes impliquées dans le crime organisé qui sont filmées.
La forme du film est soignée. Il y a bien des parties filmées caméra à l'épaule pour les instants difficiles à préparer. En revanche, d'autres plans sont très travaillés avec de longs travelings accompagnés d'une musique mélancolique comme l'enterrement du frère de Noonan ou les plans filmés dans le quartier que contrôle Noonan. Cette mise en scène donne l'impression d'être dans un film plutôt qu'un documentaire.
En acceptant de se faire filmer dans l'intimité de son clan Noonan montre le besoin de gloire, de reconnaissance propre aux hommes de pouvoirs.