L'enfant de Jules Vallès (Roman autobiographique, 1878)

L'enfant de Jules Vallès
Dans ce premier opus de la trilogie Mémoires d'un révolté, Jules Vallès raconte son enfance modeste et difficile sous les coups de ses parents.
Jules Vallès était un écrivain/journaliste. Il a fondé le journal Le Cri du Peuple, très critique envers Adolphe Thiers et son administration . Il a fait parti des élus lors de la Commune de Paris (le titre de son journal a été repris par Tardi dans sa quadrilogie en bande dessinée sur cet évènement) qui lui a valu l'exil de 1871 à 1880 durant lequel il a commencé sa trilogie les Mémoires d'un révolté où il met en scène la vie de Jacques Vingtras, un récit d'inspiration autobiographique.

Ce premier Tome raconte l'histoire de Jacques Vingtras (donc Jules Valles) entre sa cinquième et sa dix-septième année. Issu d'une famille modeste, il est rapidement victime d'injustice. Sa mère le bat, puis plus tard son père. Les premières convictions de Jules Vallès se forgeront lors de ces années avec le comportement nauséabond de ses parents, mais également les gens de bonne société qu'ils côtoient où tout n'est qu'hypocrisie. Jules préférera les gens plus modestes souvent plus gentils et censés. Cette pensée sera plus tard le cœur du combat de Vallès, une expérience qui fera corps avec ses convictions politiques.

Bien qu'il aimait lire, Vallès n'était pas intéressé pour apprendre la latin comme le voulait son père. Ils préféraient les choses manuelles. Les différentes classes où il a dû étudié reproduisaient le même schéma : une bienveillance particulière de la part des professeurs envers les enfants de riches ou de personnes influentes et une guerre de classe entre les professeurs selon leurs origines. Celle du père Vingtras étant modeste, on ne lui accordait jamais de privilèges.

Les deux formes d'autorité auxquelles sont confrontés les êtres humains sont très souvent celle des parents et l'école. Pour Vallès ce fut des expériences chaotiques d'où germera son combat politique.

Résumé complet

Jacques Vingtras vit dans un foyer modeste avec une mère d'origine paysanne et un père qui est devenu professeur. Son enfance aurait pu être plaisante, mais sa mère voulait qu'il ait une bonne éducation afin qu'en grandissant il puisse se confondre avec les grands de ce monde. Pour cela, elle était stricte. Elle privait le jeune Vingtras de tout ce qui pouvait lui faire plaisir (nourriture, jeux, etc.). Jacques devait souvent regarder les autres s'amuser, car, pensa-t-elle, il ne faut pas trop gâter les enfants. De même, elle le bâtait :

Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m'a donné son lait ? Je n'en sais rien.Quel que soit le sein que j'ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j'étais tout petit; je n'ai pas été dorloté, tapoté, baisoté; j'ai été beaucoup fouetté.
Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins; quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi, rarement plus tard que quatre heures.
Mlle Balandreau m'y met au suif.
C'est  une bonne vieille fille de cinquante ans. Elle demeure au-dessous de nous. D'abord elle était contente: comme elle n'a pas d'horloge, ça lui donnait l'heure.
"Vlin! Vlan! Zon! Zon!-voilà la petite Chose qu'on fouette; il est temps de faire mon café au lait."
Mais un jour que j'avais levé mon pan, parce que ça me cuisait trop,et que je prenais l'air entre deux portes, elle m'a vu; mon derrière lui a fait pitié.
 Elle voulait d'abord le monter a tout le monde, ameuter les voisins autour; mais elle a pensé que ce n'était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose.
Lorsqu'elle entend ma mère me dire: "Jacques, je vais te fouetter!
- Madame Vingtras ne vous donnait pas la peine, je vais faire ça pour vous.
- Oh! chère demoiselle, vous êtes trop bonne!"
Mlle Balandreau m'emmène; mais au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains; moi, je crie. Ma mère remercie, le soir, sa remplaçante.
"À votre service", répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.

Mon premier souvenir date donc d'une fessée. Mon second est plein d'étonnements et de larmes.

De son côté, son père était plus doux, mais la laissait agir. Un changement de comportement se fera en lui après une crise de jalousie de la mère Vingtras qui découvrit son infidélité avec la voisine. Cet alors que le père devient violant et commença à battre Jacques. La violence des punitions étaient telles que même sa femme en était parfois effrayée.

La famille essayait de faire bon genre en public. Mais la mère Vingtras ne parvenait pas à cacher ses origines paysannes, car elle en faisait toujours trop. Elle n'hésitait pas en public à réprimander Jacques que ce soit sur son comportement ou sa posture. Un moyen d'échapper à la frustration des critiques qui lui était faite derrière son dos.

Cependant, Jacques parvient à connaître des moments de bonheur lorsqu'il est loin de sa mère en vacances chez sa tante, avec son oncle et les moments passés avec ses cousines.

Le professorat oblige le trio familial à déménager plusieurs fois, d'abord à Saint-Étienne puis à Nantes. Là-bas, Jacques découvre une autre famille encore plus violente que la sienne dans laquelle, Louisette, une fille de 10 ans décédera. Ça sera un choc pour lui, surtout par l'impunité et le silence autour de cette affaire.

Les individus que côtoie la famille Vingtras fondent beaucoup leur jugement sur l'apparence. Tant que les histoires restent cachées, elles sont tolérées. En revanche, lorsque l'on découvre une liaison entre Jacques et une femme mariée, le père de celui-ci l'envoie en pension à Paris pour éviter les polémiques. Enfin Jacques est libéré de l'autorité de ses parents et va pouvoir vivre comme bon lui semble, même si le personnel du pensionnat n'est pas toujours à la hauteur. Il échouera dans ses études de langue grecque et de latin.

De retour à Nantes, il avoue ce qu'il gardait au font de lui depuis quelque temps : il veut devenir ouvrier au grand damne de son père qui voulait faire de lui un intellectuel. Le père ne veut plus lui parler. C'est par hasard que Jacques surprend une conversation entre ses parents, son père disant qu'il aime son fils, mais qu'il n'est pas capable de le lui dire en face

Le père de Jacques accepte finalement qu'il aille à Paris pour ne pas que le climat familial soit plus haïssable.

La trilogie Mémoire d'un révolté :

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