Blast de Manu Larcenet (Bande dessinée contemplative et désaliénante, 2009)

Blast de Manu Larcenet (Bande dessinée contemplative et désaliénante, 2009)
Polza Mancini est-il un type qui veut fuir cette sale société ou un simple fou ?
Polza Mancini est un écrivain mal dans sa peau. Corpulent, physique ingrat, il ne correspond pas vraiment au "standard" du monde auquel il appartient, celui des humains. Polza a été mis en garde à vue pour l'agression de Carole. Il va raconter aux enquêteurs ce qui s'est passé en détail, à partir du moment où il est retourné vivre à l'état sauvage en s'enivrant perpétuellement pour oublier son corps et provoquer des Blasts (hallucinations).

Le temps des Cosmonautes du futur est loin. Manu Larcenet a depuis évolué dans un style plus réflexif. Les dialoguent ne sont pas nombreux, mais les propos de Polza sont pleins de réflexions amer sur la vie, la société. Avec la série des Blast le noir domine par le graphique choisi et le scénario.

Polza est-il un homme voulant s’émanciper d'un système aliénant ? Ou est-il tout simplement fou, drogué comme le pensent les policiers ? Les propos que Polza leur débite ont leur sens, mais ne passe pas dans la tête bien normée des deux inspecteurs. L'intrigue se dénoue au fur et à mesure que l'on avance dans ces quatre tomes qui nous dévoilent l'approche de la vie d'un homme qui a souffert et cruellement rejeté.

Les titre des quatre tomes de la série, leur quatrième de couverture, et leur bande-annonce :

Tome 1 : Grasse carcasse

Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de lard et d'espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore. Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi. Je pèse lourd. Pire qu'un cheval de trait. Pire qu'un char d'assaut. Je pèse lourd et pourtant, parfois, je vole.



Tome 2 : L'apocalypse selon saint Jacky

Je mens. Je mens toujours. Je dis que je ne me souviens de rien, que je suis né du matin. Je dis que je comprends, qu'à votre place, sans doute, j'aurais ri aussi. Je mens pour un peu de repos, d'indulgence, pour le pardon de ma dissemblance. Je mens aussi pour ne pas vous massacrer à mon tour;
Je mens toujours car, en réalité, je me souviens de tout.



Tome 3 : La tête la première

Je pèse deux hommes.
L'un vous aime tant qu'il vous léchera la main pour l'aumône d'une caresse. Il fera où vous lui direz, demandera la permission, courbera le dos sous la trempe, pourvu que vous lui accordiez une place près de vous. Un homme-chien. L'autre, sans trêve ni repos, depuis toujours, n'a d'autre obsession que de vous faire baisser les yeux.
Puis de les crever.



Tome 4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent

Un vent lourd, puant suie et cadavre, gronde sur la route et me glace. L'orage approche. Je ne cherche aucun abri, il n'en existe pas à ma taille. Je claudique au bord du chemin, iver comme toujours, dans l'espoir que la distance entre nous se réduise, que nos peaux se touchent enfin.
Sali, battu, hagard, je repousse le moment où, le souffle court et les pieds meurtris par de mauvaises chaussures, je devrai m'arrêter.
Serai-je encore assez vivant pour repartir?

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